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LA FILLE DU RER
Synopsis : Jeanne vit dans un pavillon de banlieue avec sa mère Louise. Les deux femmes s'entendent bien. Louise gagne sa vie en gardant des enfants. Jeanne, sans trop de conviction, cherche un emploi. Un jour, en lisant une annonce sur le net, Louise croit que le destin frappe à sa porte. Elle nourrit l'espoir de faire engager sa fille chez Samuel Bleistein, un avocat de renom qu'elle a connu dans sa jeunesse. L'univers de Jeanne et celui de Bleistein sont à des années lumières de distance... Pourtant, ils vont se rencontrer à cause d'un mensonge inouï que Jeanne va échaffauder. Le film est l'histoire de ce mensonge qui va devenir le fait divers le plus médiatisé et le plus politisé de ces dernières années.
Là où on aurait pu craindre d'attendre d'André Téchiné un film narratif, lent et conventionnel, on découvre finalement un film d'une modernité incroyable réalisé d'une manière totalement inattendue et surprenante ... (la scène de la conversation sur msn est une vraie réussite ..)
Là où on aurait pu s'attarder sur les circonstances et les conséquences d'un mensonge dramatique, c'est ainsi que le film est construit, on s'attache davantage aux tourments de l'héroïne, une jeune fille paumée, mal dans sa peau et surtout en mal d'amour ...
Téchiné joue énormément avec les focales et superpositions d'images, ce qui donne à son film une troublante profondeur ...
Les scènes se succèdent dans un rythme similaire à celui donné par les rollers ... voilà .. le film roule .. roule tout seul, comme une évidence, sur une autoroute dégagée de tout parasite ..
Le fait divers de départ, dont l'incidence politique n'est que brièvement évoquée (bien qu'il fut à l'époque très médiatisé), n'est finalement que prétexte à brosser des portraits de personnages pleins de fêlures et de contradictions ..
Les raisons du mensonge de la jeune fille sont très rapidement explicitées et finalement sont quelque peu secondaires et superflues .. on comprend vite ce qui l'a poussé à mentir ..
Catherine Deneuve est égale à elle-même, cette actrice ne m'a jamais réellement impressionnée mais son jeu n'a jamais de fausses notes .. je la trouve lisse et sans saveur mais toujours juste et dans le bon ton ..
Par contre, j'ai été bluffée par la prestation époustouflante d'Emilie Dequenne qui est absolument magnifique .. elle donne à son personnage une sacrée épaisseur, elle est tout à la fois forte et fragile, poignante ..
Bluffée par Michel Blanc qui trouve ici un rôle qui lui va comme un gant ..
Les rôles secondaires (Mathieu Demy, Ronit Elkabetz, le petit Jérémy Quaegebeur et Nicolas Duvauchelle (miam miam)) sont tous excellents ..
Un film intelligent et fascinant, très bien construit, qui s'appuie sur une bande musicale très belle (Archive aie aie .. magnifique .. j'adore ce groupe découvert grâce à la série Clara Sheller ... et autres morceaux classiques bien choisis), sans aucun temps mort, qui file à toute vitesse, jamais moralisateur, jamais pesant ..
A voir sans nul doute ..
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