Synopsis : Jean est quelqu'un de bien : un bon maçon, un bon fils, un bon père et un bon mari. Et dans son quotidien sans heurt, entre famille et travail, il croise la route de Mademoiselle Chambon, l'institutrice de son fils. Il est un homme de peu de mots, elle vient d'un monde différent. Ils vont être dépassés par l'évidence des sentiments.

Encore une fois malheureusement j'ai eu droit à deux bavards derrière moi et là franchement sur ce genre de film c'est carrément dérangeant ... de ce fait, j'ai eu du mal à accrocher sur la première demi-heure qui m'a paru un peu longuette .. mais ensuite .. ensuite ..

Car voilà un film sur un thème mille fois rebattu certes mais dont le traitement est particulièrement déroutant et troublant, qui m'a fait parfois penser à certains Truffaut dans les façons de filmer ...

Tout est résumé dans les regards qui se soutiennent ou qui s'abaissent, dans les visages qui rosissent, dans les sourires timides, dans les larmes silencieuses ... dans les gestes parfois aériens, parfois pesants, dans les attitudes parfois légères parfois lourdes ... dans les yeux qui se croisent pour exprimer leurs sentiments tout en craignant d'être pris en flagrant délit ....

Le dialogue va à l'essentiel (peu de mots mais beaucoup d'amour dans ce film ...), le scénario aussi et tout est dit dans les images ... 

On dirait que Stéphane Brizé, le réalisateur a posé sa caméra dans l'intimité de ces trois personnages pour en capter l'essence pure ... une caméra qui se fait oublier .. on dirait être presque des intrus d'ailleurs ... lorsqu'on voit juste un petit bout de visage, une oreille, la nuque découverte de Sandrine Kiberlain, les veines qui se gonflent ... on ne voit jamais ce genre de plans au cinéma qui laissent place davantage aux décors et environnements qu'aux personnages eux-mêmes qui ici sont parfois dans un recoin de l'image  ...

Les scènes s'étirent langoureusement, longuement,  doucement, avec une pudeur extrême, une réserve retenue, avec simplicité et humilité .. pas d'action, peu de dialogues, ca aurait pu être vite chiant mais non, tant l'émotion est omniprésente ....

Pour assurer l'affaire, il fallait bien sûr trois acteurs d'exception ....

Et franchement réunir à l'écran un couple à la ville (même ex ...) était une fabuleuse idée .. leur complicité est palpable, ils en ont gardé la fraîcheur et la force ... on voit qu'ils se comprennent sans avoir à parler ...

Vincent Lindon est fait pour ce genre de rôle .. très proche de l'homme qu'il semble être dans la vie ... discret, simple, humble, silencieux, pudique, sensible ... il est touchant comme jamais ...

Sandrine Kiberlain a un magnifique port de tête, elle a une grâce fragile et une luminosité exceptionnelle ...

Quant à Aure Atika, elle est surprenante ....

C'est un film dont l'émotion monte, monte sans s'arrêter, pour atteindre son paroxysme lors de la scène de la voiture dans un face à face (ou plutôt dos à dos ... !!!)  très tendu ....

J'ai commencé à pleurer à ce moment là et je ne me suis plus arrêtée jusqu'à la fin où l'espoir me tenaillait le ventre à me faire mal ...

Et malgré sa prévisibilité, elle est tellement intense que là encore à en parler je suis bouleversée ...

C'est un film vraiment MAGNIFIQUE et POIGNANT ....