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NO ET MOI
Synopsis : On dit de Lou qu’elle est une enfant précoce. Elle a treize ans, deux classes d’avance et un petit corps qui prend son temps. Elle a une mère emmurée dans les tranquillisants, peu d’amis, et le ressenti aigu d’un monde qui va de travers.
Lou doit faire un exposé sur une jeune femme sans abri. Elle en a vu une à la Gare d’Austerlitz. Une qui fait la manche, demande des clopes, s’endort sur la table du café lorsque Lou lui offre à boire pour l’interviewer.
Elle a 18 ans, s’appelle No, Nora en fait mais tout le monde dit No, et bientôt Lou ne pourra plus se passer d’elle. Mais No est imprévisible, elle a grandi dans les foyers et elle ne ressemble à personne. Un jour, elle disparaît.
Lou la recherche, sûre de ce besoin qu’elles ont l’une de l’autre. Lorsque No réapparaît à bout de forces, Lou sait ce qu’elle doit faire : No viendra vivre chez elle.Les films de Zabou Breitman sont d'une finesse et d'une intelligence rares et celui-ci ne déroge certes pas à la règle .. quelle belle écriture ... raffinée, classieuse, recherchée, soignée ...
Sa caméra, parfois surprenante (j'aime les plans sur les chaussures rouges de la gamine), trouve des angles et des points de vue atypiques ... j'ose dire que son oeuvre est très personnelle .. on y sent la "Breitman Touch" qui oscille entre tendresse et sincérité, humilité et subtilité ...
J'ai été très touchée par cette histoire poignante entre ces deux héroïnes, des perdues de la vie, des paumées chacune à sa façon, l'une dans sa façon de vivre, l'autre dans sa façon d'aimer et dans ses relations avec ses parents ... (et j'y ajoute aussi la performance du jeune garçon étonnant ...) ..
Oui c'est très écrit, il y a beaucoup de texte, parfois trop, le ton narratif, qui se justifie dans la première partie mais quelque peu superflu dans la seconde l'alourdissant inutilement, est assez lancinant et monocorde, et certaines séquences pourraient paraître un peu longuettes, mais il n'empêche que le résultat est plus que réussi ...
Parce que notamment les prestations des trois jeunes sont exceptionnelles et d'une grande maturité ..
Personnellement, je placerais celle de Nina Rodriguez avant celle de Julie-Marie Parmentier ... cette gamine a en elle déjà une incroyable intensité et une sacrée palette de nuances dans son jeu très naturel et très sûr ... Julie-Marie Parmentier a un peu plus d'expérience et ça se sent, mais elle force un peu trop le trait par moment ... Antonin Chalon, un peu en retrait, s'avère également très mûr ..
Je n'oublierai pas de préciser que Zabou Breitman et Bernard Campan proposent chacun une interprétation plus qu'honorable en parents un peu dépassés (la première est en dépression, le second tente de l'assumer tant bien que mal ..) ..
Zabou Breitman signe ici une bien jolie oeuvre, pleine de poésie et de grâce, remplie de jolies choses et de réflexions importantes, abordant avec beaucoup de justesse un thème malheureusement toujours un peu trop d'actualité ... elle sait nous sensibiliser par son oeil affûté sur le sort des sans-abris ..
Pour conclure, j'aime beaucoup un des plans finaux s'arrêtant plusieurs secondes sur le regard de No empli de tendresse et d'amour pour sa jeune amie ...
J'ai beaucoup aimé et j'aime de plus en plus l'oeuvre de Zabou Breitman (et ses prestations d'actrice aussi ...) ..
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